Retour à l'histoire de quelques FAI
----------------------Histoire de World Online (International et France)
SOMMAIRE | |||||||||||||||||||||||||||||
Lancement de World Online avec les chemins de fer
néerlandais |
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Lancement de World Online avec les chemins de fer néerlandais | |||||||||||||||||||||||||||||
En 1995, Nina Brink (née Vleeschdrager le 21 juillet 1953 à Amsterdam)
fonde World Online qui entre en service début février 1996. Ce nouveau
fournisseur d'accès Internet (FAI) néerlandais est une coentreprise de
NS Telecom, Audax et Servicom. La société de télécommunications Telfort a été fondée en septembre 1996 en tant que coentreprise de British Telecom (BT) et des chemins de fer néerlandais (NS). La combinaison était mutuellement bénéfique car BT était impatient de se développer en Europe continentale. Telfort devint actionnaire de World Online. Initialement, la téléphonie fixe était proposée, utilisant un réseau de fibre optique presque inutilisé que la NS avait le long des voies. En mars 1998, Telfort a obtenu une licence pour construire un réseau GSM national et devenir un fournisseur de téléphonie mobile. L'association de radiodiffusion TROS (Televisie & Radio Omroep Stichting - Fondation de radiodiffusion télévisuelle) conclut mi-février 1996 un partenariat stratégique avec World Online pour mettre en place un Internet Entertainment Network ("du contenu"). De plus, les programmes télévisés de Tros sont rendus accessibles sur Internet sous une forme interactive. De toutes nouvelles productions Internet seront également créées. Tros participera également financièrement à World Online et en devient donc actionnaire. World Online a 20.300 abonnés fin 1996. En mai 1997, World Online compte 50.000 abonnés privés et 1.500 clients professionnels. Très rapidement, l'entreprise commence à procéder à des acquisitions de concurrents et d'opérateurs télécoms et étend son activité en dehors des Pays-Bas. Le 17 février 1998, on apprend que World Online prend le contrôle de The Internet Plaza (TIP), le troisième plus grand fournisseur d'accès Internet aux Pays-Bas. Avec les 30.000 abonnés TIP repris, World Online passe alors à près de 140.000 abonnés et devient le plus grand fournisseur du pays. Reggeborgh, la société d'investissement de Dik Wessels, le magnat néerlandais de la construction, entre également dans le capital. |
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La Fondation Sandoz, puis Intel, entrent dans World Online | |||||||||||||||||||||||||||||
Nina Brink a besoin d'argent supplémentaire pour poursuivre l'expansion de World Online. Début octobre 1998, la Fondation de la famille Sandoz étend son champ d'activités aux services Internet en devenant le principal actionnaire de World Online. La participation la plus précieuse de la Fondation était jusqu'alors celle de 4,2 % dans le géant pharmaceutique suisse Novartis (créé en 1996 à partir d'une fusion de Sandoz, fondée en 1886 et Ciba-Geigy). Nina Brink a rapporté dans un communiqué officiel le 15 octobre 1998 que Sandoz avait investi 300 millions de dollars dans l'entreprise et avait reçu une part de 54 %. Curieusement, le prospectus de l'introduction en bourse de mars 2000 mentionnera, lui, un montant de 135 millions de dollars seulement. En finalisant cette prise de participation majoritaire dans World Online - troisième plus important fournisseur européen d'accès au Web et numéro un aux Pays-Bas -, la Fondation Sandoz entend faire de sa société télécoms, Interoute, un acteur de poids sur la scène européenne. Dopée il y a un an par l'entrée dans son capital de la Fondation, la société londonienne est devenue en un an l'un des plus importants opérateurs privés européens. Le secteur des fournisseurs d'accès Internet constitue le second volet de sa stratégie de développement. Victor Bischoff, le responsable de la Fondation, - qui devient président du conseil de surveillance de World Online - croit en la convergence des deux technologies - Internet et télécoms - et qu'Interoute va en tirer des synergies importantes grâce à son réseau "paneuropéen". La prise de participation de la fondation va permettre à World Online de réaliser ses plans d'expansion européens et d'atteindre des objectifs très ambitieux : passer de 300.000 à un million d'abonnés d'ici la fin 1999 et à 8 millions avant 2002, assure Nina Brink. A cette fin, une scission, initiée début 1999, est opérée entre World Online Pays-Bas et World Online International. En juin 1999, Intel, le géant des microprocesseurs, qui pratique une diversification dans les services et tous les éléments constitutifs de l'Internet, prend une participation minoritaire dans World Online de l'ordre de 10%. World Online a donc alors pour actionnaires principaux la fondation Sandoz, Intel, l'opérateur Telfort et la société d'investissement Reggeborgh. Numéro un chez lui, loin devant World Access et Planet Internet, fort des 300 millions de dollars que vient de lui apporter la Fondation Sandoz, World Online entend devenir rapidement le premier fournisseur de services Internet en Europe, par création ou acquisition dans les différents pays. Très rapidement, World Online International offrira ses services en Belgique, en Suisse, en France, en Espagne et au Danemark, avant d'étendre ses services au reste de l'Europe dès le milieu de l'année prochaine. |
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World Online en Belgique | |||||||||||||||||||||||||||||
En octobre 1998, le monde Internet belge s'enrichit
d'un acteur avec World Online Belgium avec Salvator Vella comme directeur
général. World Online ne vendra pas seulement l'accès à Internet gratuit
(kit), mais construira également un site construit
autour de trois thématiques : l'actualité locale et internationale et la
fourniture d'informations financières et économiques, les divertissements
(logiciels de jeux essentiellement) et les services (pages personnalisées,
service de messagerie gratuit (freemail)...) Selon le fournisseur d'accès Internet, la richesse de ce site justifierait le fait que l'abonnement chez lui ne soit pas parmi les moins chers du marché. Un abonnement mensuel coûte 650 francs belges, 3.750 francs pour six mois, 6.750 francs pour un an. |
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World Online en Allemagne | |||||||||||||||||||||||||||||
Début août 1999 World Online acquiert la majorité des parts de son concurrent allemand Nacamar. Ce fournisseur Internet, fondé il y a quatre ans, se concentre sur le marché des entreprises. Nacamar sera la tête de pont en Allemagne de World Online. Avec Nacamar, World Online a acquis une entreprise qui s'est constitué une clientèle respectable en peu de temps. Des services à valeur ajoutée sont fournis à Deutsche Bank, Lufthansa, General Motors et Pepsico. L'acquisition sera payée en numéraire pour un montant qui n'a pas été divulgué. |
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World Online en Suisse | |||||||||||||||||||||||||||||
World Online annonce le 28 septembre 1999 le lancement officiel de son
antenne helvétique Elle propose des connexions au réseau sans frais d'abonnement,
ainsi qu'un site présentant des informations en trois langues pour les
particuliers. D'ici à la fin de l'année, World Online fournira aussi les
entreprises avec des lignes rapides et leur proposera d'héberger leur
site. Mark Hoegarts en est le directeur. Koos van der Meulen, directeur général de World Online explique que "Notre stratégie consiste à entrer en force dans de nouveaux pays en rachetant des fournisseurs d'accès déjà bien implantés, comme en Suisse où nous avons racheté Ping Net GmbH. Pour appuyer son lancement en Suisse, la société vient de lancer une grande campagne de publicité nationale. On y voit notamment une jeune femme, l'air espiègle, en train de sucer goulûment une glace à la fraise. "C'est accrocheur, suggestif, mais ce n'est pas vulgaire", assure Mark Hoegarts. L'affiche est déjà partout et un kit est distribué. |
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World Online en Afrique du Sud | |||||||||||||||||||||||||||||
Vodacom, leader sud-africain du mobile, utilisera le réseau d'échange Internet sud-africain pour lancer en octobre 1998 son service Internet, sous la marque Yebo!net, offrant un accès Internet prépayé aux tarifs des appels locaux fixes. Les forfaits prépayés et d'abonnement de Yebo!net sont le résultat de certains des développements de produits les plus innovants jamais vus dans l'industrie Internet. Vodacom est le premier FAI au monde à proposer un accès prépayé à Internet. En juin 1999, on annonce une joint-venture entre Vodacom et World Online. Les sociétés ont déclaré qu'elles pourraient doubler la base d'abonnés Yebo!net en combinant l'expertise de Vodacom en matière de télécommunications avec l'offre de contenu de World Online, fournisseur important d'accès à Internet à peine connu dans ce pays. Pour le moment, World Online International détient 50 % de la coentreprise. World Online porte sa participation à 60% en octobre 1999 et fusionne sous son nom les FAI Yebo!Net, ainsi que Icon et GIA, récemment acquis. Vodacom World Online, avec Raven Naidoo comme directeur général, lance son portail worldonline.co.za. Ce portail proposera les actualités agrégées habituelles, auxquelles s'ajouteront bientôt les e-mails basés sur le Web. Comme offre spéciale d'ouverture, la société propose un contrat d'accès commuté de 12 mois pour un peu moins de 500 rands. Dans la rubrique people, en cet automne 1999, World Online, avec la coopération rétribuée de Sarah Ferguson, la duchesse d'York, divorcée depuis 1996 du prince Andrew, troisième enfant et second fils de la reine Élisabeth II, réussit à faire se rencontrer Nelson Mandela et Nina Brink. World Online avait fait don de connexions Internet à des écoles en Afrique du Sud. Malheureusement pour Nina Brink, Sarah Ferguson lui a littéralement volé la vedette. Pas d'article sur Nina Brink dans les journaux d'Afrique du Sud, mais des photos de Nelson Mandela et Sarah Ferguson. |
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World Online devient fournisseur d'accès en France | |||||||||||||||||||||||||||||
Mi-janvier 1999, World Online, qui compte maintenant plus de 500.000
abonnés, crée, via World Online International sa filiale World Online
France avec 65 % du capital, en association avec le groupe Bouygues qui
se partage le reste du capital via Bouygues Télécom (20%) et TF1 (15%).
World Online France se veut un des fournisseurs le moins cher du marché français avec un abonnement mensuel (connexion illimitée) à 75 francs (et les trois premiers mois pour le prix d'un, constituant " l'offre de bienvenue ", l'utilisateur ayant ensuite le choix entre un abonnement de 75 F par mois ou une offre de 750 F par an) hors coût des communications téléphoniques locales. A 75 F par mois, s'il est réellement le moins du marché, la différence est symbolique : 2 francs de moins seulement que Club Internet. La commercialisation effective débutera le 1er février 1999 en même temps qu'une campagne publicitaire dont le slogan sera "World Online, L'Internet en Première Classe". Les pré-inscriptions et le kit de connexion P@ss internet (kit) sont d'ores et déjà disponibles via le centre d'appels du fournisseur ou sur le site worldonline.fr. Ultérieurement, le client pourra s'abonner à World Online en particulier dans les boutiques "Bouygues Télécom". Jean-Michel Soulier, ancien responsable du développement d'Internet pour Bouygues Telecom, devient son directeur général. La jeune société cible à la fois le marché grand public et celui des entreprises (ces dernières à partir du second semestre). World Online France se donne pour objectif " de prendre 10 à 15 % du marché de l'Internet en France soit 120.000 abonnés pour la fin de l'année 1999 ", donc dès la première année. Marché actuellement dominé par Wanadoo (500.000 clients), suivi par AOL-Compuserve (350.000) et Club Internet (220.000). Accessible par numéro unique sur l'ensemble du territoire, World Online France repose sur l'infrastructure réseau de Siris et de l'opérateur de télécommunications Colt. À terme World Online proposera aussi, avec Bouygues Télécom, des accès Internet par téléphone mobile. Le service dispose d'un site web ambitieux avec une douzaine de chaînes thématiques doté d'un important contenu éditorial réalisé par une rédaction interne et des partenaires. Aux côtés du principal, TF1, qui apporte ses services d'informations et de sports en ligne, réactualisés par sa rédaction (texte et vidéo), d'autres partenaires comme ZDNet doivent alimenter ce mini-bouquet avec des programmes sur le multimédia, les jeux, la culture, les sciences, le temps libre... L'ensemble de ces services " ludiques " ou " pratiques " seront disponibles en accès direct à partir d'un moteur de recherche simple, mis au point en partenariat avec Lycos (groupe Bertelsmann). World Online lance l'accès gratuit à Internet en France Alors qu'il vient d'arriver sur le marché, World Online lance le 2 avril 1999 une offre d' "Internet gratuit", grâce à laquelle l'internaute n'aura plus à payer que le temps de connexion au prix des communications téléphoniques locales, à l'instar de ce qui fait fureur en Grande-Bretagne. L'offre est toutefois limitée dans le temps, et en nombre de nouveaux abonnés. Les 200.000 prochaines personnes - un nombre conséquent si on le compare à celui du marché: on estime à 65.000 par mois le nombre de nouveaux abonnés à Internet - qui s'inscriront au service World Online Liberté ne paieront pas d'abonnement pendant un an, hors frais de mise en service (1 euro) et ne paieront leur consommation Internet qu'au coût d'un appel local (connexion illimitée) (kit), offrant ainsi à l'internaute une " liberté de mouvement " qui est le nouveau slogan affiché sur tous les kits (kit). Les internautes déjà abonnés se verront proposer eux aussi la gratuité pendant un an, la nouvelle offre de World Online ne comprenant plus l'hébergement de pages personnelles. Lors de son lancement, le service de World Online était moins cher que celui des quatre grands fournisseurs français (Wanadoo, AOL, Club Internet, Infonie). Depuis, AOL a proposé, à compter de mars 1999, un abonnement annuel à 650 F/an soit moins de 55 francs par mois (kit). C'est une escalade dans la concurrence à laquelle se livrent les fournisseurs d'accès Internet en France. Après World Online, premier FAI à avoir proposé la gratuité, avril 1999 va voir une vague de fournisseurs d'accès gratuit à Internet arriver sur le marché français avec Lokace Online (filiale d'Infonie), Free.fr, Freesurf, Liberty Surf et vnunet.fr qui vont successivement annoncer des offres de ce type. Le 4 mai et jusqu'au 21 juin 1999, World Online reçoit le soutien de Conforama, la chaîne de magasins de la vente de meubles, hi-fi, vidéo et micro-informatique ; certainement en réponse à ses concurrents Darty et But qui roulent pour Liberty Surf. Conforama propose sur son site une rubrique dédiée à cette formule d'accès Internet gratuit en liaison avec le site World Online. Des kits de connexion sont disponibles dans les magasins. Deux mois et demi après le lancement de la première offre d'Internet gratuit en France par World Online, Benchmark Group, éditeur du Journal du Net, a réalisé une enquête auprès de 5.000 internautes qui permet d'établir un classement des principaux fournisseurs d'accès gratuits au 18 juin 1999. |
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C'est donc environ 400.000 abonnements gratuits qui ont été souscrits auprès de ces 7 fournisseurs d'accès. Le nombre de "nouveaux internautes" générés par la vague d'abonnements gratuits serait lui environ de 75.000, en utilisant le ratio de 35% de nouveaux entrants sur le Net du britannique Freeserve qui a été le premier en Europe à offrir de l'accès gratuit. Il reste maintenant à mesurer les effets de l'Internet gratuit sur les quatre grands fournisseurs d'accès payants (Wanadoo, AOL, Club Internet, Infonie). L'expérience britannique montre qu'il a fallu six mois pour que les vagues de désabonnement soient véritablement sensibles chez ces fournisseurs : les internautes préfèrent tester le gratuit avant d'abandonner leur abonnement payant. World Online annonce fin juin qu'il renonce aux conditions limitatives de son offre: l'euro symbolique demandé (mais qui permettait d'obtenir le numéro de carte bleue des abonnés) est supprimé et les limites théoriques de la durée de l'abonnement gratuit (un an) ainsi que le nombre théoriquement limité des offres (200.000) sont levés. Jean-Michel Soulier, le directeur général du FAI, annonce que d'autres distributeurs diffuseront prochainement les kits de connexion World Online qui pour l'instant sont essentiellement envoyés par la poste au client qui s'est inscrit en ligne. "Nous devons passer par des canaux de distribution physique si nous voulons attirer chez nous la véritable croissance du marché, c'est-à-dire le grand public. Ce n'est pas notre but de faire notre shopping chez les concurrents". Après son partenariat avec Conforama, World Online en entame un autre avec McDonald's France. Des formulaires pour acquérir un kit de connexion sont distribués dans les 760 restaurants de l'enseigne du 1er septembre au 11 octobre 1999, pour la campagne "Tour du monde en sept pays". World Online signe parallèlement un accord de distribution dans les magasins Habitat (kit) pour une opération qui débutera réellement mi-octobre. Fort de ces initiatives marketing, World Online indiquera en novembre 1999 disposer de 150.000 "abonnés actifs", définis par le FAI comme "un internaute s'étant connecté au moins une fois via son service d'accès". Autant dire une large interprétation. Le nombre d'heures de connexion est en moyenne de 9 heures par mois pour un abonné de World Online ; un chiffre qui fait sourire aujourd'hui. World Online propose des services Internet aux entreprises Après le marché grand public depuis février dernier, World Online s'intéresse
en septembre 1999 aux entreprises françaises. L'offre baptisée World Online
Business leur propose un accès Internet par connexion Numéris ou liaison
spécialisée. Le prestataire Internet fournira également des services professionnels
(dépôt de noms de domaine, service de messagerie et solution permettant
de créer un site marchand). Pour les toutes petites entreprises, World
Online Business propose des packs "Internet tout-en-un" au prix de 650
francs par mois. La division professionnelle de World Online a également
mis en place une offre d'hébergement de 3 à 30 Mo, payable au Mo près
à partir de 20 francs par mois. Parallèlement, World Online adapte le produit "Shop Design", déjà commercialisé en Europe du Nord par World Online International. Ce produit permet d'élaborer gratuitement une boutique en ligne. La facturation ne débute qu'à partir de l'activation du site. World Online propose ensuite l'ADSL un peu moins cher Alors que France Telecom, Club Internet et World-Net viennent d'opérer
le lancement commercial de l'ADSL à compter du 3 novembre 1999, World
Online révèle le 18 novembre 1999 les détails de ses offres ADSL réservées
au grand public d'une part et aux professionnels de l'autre. Pour les
particuliers, l'offre est de 129 francs par mois auxquels il faut ajouter
l'abonnement Netissimo de France Télécom (265 francs). La carte Ethernet
est gratuite. Au total, l'internaute devra débourser 394 francs par mois,
hors frais d'installation. Pour le moment, c'est l'abonnement le moins
cher proposé sur le marché, Club Internet et World-Net proposant un abonnement
à 440 francs par mois, Wanadoo à 445 francs. World Online se lance dans le " forfait illimité " Avec l'"Internet gratuit", l'internaute avait la connexion gratuite, mais avait encore à payer le temps de connexion au prix des communications téléphoniques locales. A compter de septembre 1999, Liberty Surf propose l'offre groupée, qui allie accès au réseau et communications téléphoniques avec ses 3 forfaits " Tenerife " (6 heures pour 55 F par mois), " Bali " (12 heures pour 75 F) et " Hawaï " (24 heures pour 125 F) (kit). Des FAI se lancent en février 2000 dans la bataille de l'accès entièrement gratuit à l'Internet (connexions et communications téléphoniques gratuites !) moyennant le seul paiement d'un forfait. Le 22 février 2000, World-Net propose l'accès gratuit à l'Internet avec sa formule "semi-illimitée". En collaboration avec l'opérateur télécom Kertel, le FAI offre à ses clients noctambules une formule à 299 francs par mois. Les internautes peuvent se connecter sans compter de 22h à 7h. Ils ont également le droit à 20 heures de connexion et de communications offertes par mois pendant la journée. La minute hors forfait est facturée 28 centimes. Dès le lendemain, World Online annonce à son tour plusieurs forfaits incluant le prix des communications téléphoniques à partir du 1er mars 2000. Notamment un permettant, pour 190 francs par mois, à l'internaute de rester branché toutes les nuits de 19 heures à 8 heures du matin, et 24h/24 le week-end, les minutes hors forfait étant facturées 19 centimes. Une formule qui permet à l'abonné respectant les horaires d'éviter toute mauvaise surprise à la réception de la facture téléphonique. World Online entend visiblement préserver son avance en matière de gratuité sur ses concurrents après sa campagne "Internet gratuit pendant un an" lancée en avril 1999. Las, cette formule de connexion illimitée - mais sur des plages horaires précises - va se révéler trop alléchante puisque le FAI a fait face à " près de 300.000 appels par jour sur le numéro vert dédié ! ". Résultat, World Online s'avoue non seulement incapable de traiter une telle demande, mais surtout d'assurer une qualité de service suffisante. En effet, 65% des abonnés au forfait tentent de se connecter tout de suite après 19 heures, provoquant l'engorgement du réseau. Ne pouvant plus suivre techniquement, World Online annonce qu'il continuera à renforcer ses infrastructures techniques, mais qu'il arrête la commercialisation de son " forfait illimité soir et week-end " le 21 mars. World Online indique d'abord qu'il respectera ses engagements avec les personnes ayant déjà souscrit au forfait, mais il mettra un terme à cette formule le 1er mai 2000. Pour ne pas décevoir ses clients, World Online proposera deux formes de dédommagement : soit un avoir de 270 francs sur le forfait de 90 francs pour 25 heures (kit), soit le remboursement du forfait souscrit (190 francs). Si la tentative de World Online s'est avérée un échec, il est clair que la formule du forfait, comme pour le téléphone mobile, risque de devenir rapidement la norme sur l'Internet. |
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World Online au Royaume-Uni | |||||||||||||||||||||||||||||
En janvier 2000, World Online acquiert la société Internet et de télécommunication
Telinco Networks. La direction de Telinco restera en place et continuera
à soutenir les clients existants, tels que bun.com, mutual.net et totalise.net.
Début mars 2000, on apprend que World Online achète le FAI Bun.com à News International dans le but de développer ses activités au Royaume-Uni. World Online compte ainsi 400.000 utilisateurs supplémentaires, tandis que News International se concentre sur sa nouvelle stratégie de commerce électronique. Une semaine plus tard, World Online procède à l'acquisition de l'opérateur de télécommunications Localtel et de son FAI, Screaming.net. Les détails financiers ne sont pas divulgués. Lancé en avril 1999, Screaming.net ajoutera 180.000 clients supplémentaires à la clientèle britannique de World Online. Jeremy Stokes, ancien patron de Localtel est repris par World Online. En à peine plus de 3 mois, depuis son arrivée au Royaume-Uni, World Online avec une stratégie de conquête agressive pour affronter le numéro un britannique des FAI Freeserve, a donc dévoré deux opérateurs de télécommunications britanniques, Telinco et Localtel, ainsi que trois FAI strayduck, bun.com et screaming.net. World Online lance le 10 avril 2000 un service illimité, baptisé Freedom 24 (kit). Pour des frais d'inscription uniques de 20 £ et une location de ligne mensuelle de 14,99 £, les utilisateurs pourront bénéficier d'une connexion illimitée à Internet 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, accès gratuit et 10% d'économies sur les appels téléphoniques BT. Les frais d'inscription de 20 £ ne sont pas dus pour les abonnés actuels de World Online. Le service Freedom 24 est basé sur le modèle Screaming.net développé par Localtel. Tout comme Screaming.net, le nouveau service oblige les internautes à changer d'opérateur téléphonique et à s'inscrire auprès de World Online Telecom (anciennement Localtel). Le PDG de World Online UK, Simon Preston, indique que le haut débit est l'objectif à long terme de ses propres forfaits Internet bon marché. "La solution ultime dans le secteur de la consommation est un service Internet haute vitesse "toujours actif" fourni via la technologie ADSL", a-t-il déclaré. "Le lancement de l'accès illimité via des modems commutés 56K est un pas vers cet objectif. Le marché va encore évoluer lorsque la boucle locale sera dégroupée l'année prochaine ". Dans la rubrique people, on découvre que Nina Brink est amie avec Annie Lennox et Dave Stewart du groupe anglais Eurythmics. Deux kits britanniques leur seront consacrés (kit) et (kit). |
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Shell et World Online lancent 12move | |||||||||||||||||||||||||||||
Début octobre 1999, la compagnie pétrolière Shell et le fournisseur Internet
World Online ont conclu un accord pour le développement de 12move, un
service d'accès gratuit à Internet et illimité 7 jours sur 7, 24 heures
sur 24, excepté les frais téléphoniques (kit).
12move est un fournisseur d'accès Internet gratuit qui s'adresse en particulier
aux automobilistes, principale clientèle de Shell en offrant aux utilisateurs
des informations sur les actualités, le trafic et la météo. Lancé initialement aux Pays-Bas, 12move est dès la fin 1999 disponible également en Belgique et au Danemark, mais Shell prévoit de déployer 12move dans toute l'Europe. Shell possède en effet des stations-service dans tous les pays européens, tandis que World Online est déjà actif dans quatorze pays et compte plus de 1,2 million d'abonnés. Fin janvier 2000, le groupe anglo-néerlandais Royal Dutch/Shell et World Online International étendent les activités de leur filiale commune 12move au Royaume-Uni. Les deux sociétés ont créé une joint-venture à cet effet. En mai 2000, le service conjoint de Shell et World Online est étendu à l'Allemagne. Un CD-Rom d'accès Internet 12move est disponible gratuitement dans les 1 600 stations-services Shell (kit). Le prix à la minute est basé sur le tarif local de Deutsche Telekom à 2,45 pfennigs la minute, 24 heures sur 24. |
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Situation de World Online en janvier 2000 | |||||||||||||||||||||||||||||
Grâce à l'injection de 300 millions de dollars par la Fondation de famille suisse Sandoz, puis l'entrée au capital d'Intel, World Online a acquis la crédibilité financière lui permettant de procéder à une campagne de rachats époustouflante, dont les derniers en ce mois de janvier avec le britannique Telinco et UUnet Belgium. Premier fournisseur d'accès aux Pays-Bas, le développement à l'étranger de World Online s'est fait rapidement en déployant son réseau de services Internet et/ou en effectuant des acquisitions. World Online est maintenant présent dans quinze pays étrangers : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Portugal, Suède, Suisse, République tchèque, Royaume-Uni et Turquie. Le groupe est ainsi devenu le premier fournisseur d'accès paneuropéen. Actif dans quinze pays européens et en Afrique du Sud à la fin de l'année dernière, World Online, selon ses propres chiffres, compte 1,2 million de clients privés et 30.000 clients professionnels ; fin 1998, ces chiffres étaient respectivement de 317.000 et 7.000. Le 25 février 2000, World Online publie ses résultats de l'année 1999.
World Online (1 250 salariés) a vu son chiffre d'affaires passer de 16,7
à près de 68 millions d'euros en 1999, mais, comme il sied à une véritable
société Internet, World Online a vu ses pertes augmenter fortement l'an
dernier. Alors qu'il avait enregistré une perte de moins de 1,3 million
d'euros (2,8 millions de florins) sur l'exercice 1998, cette perte s'élève
à plus de 91 millions d'euros (201 millions de florins) l'an dernier.
"L'augmentation de notre perte", écrit World Online, "est principalement
due aux investissements importants que nous avons réalisés dans le marketing,
la technologie, les acquisitions et le développement ultérieur de notre
entreprise". World Online ne peut se contenter d'être le premier fournisseur d'accès paneuropéen, l'entreprise de Rotterdam a l'ambition de devenir la plus grande société de communications et de médias sur Internet en Europe. Car si World Online est un géant aux Pays-Bas, c'est un acteur mineur sur la plupart de ses autres marchés. Il ne figure même pas parmi les cinq premiers acteurs sur les marchés cruciaux de l'Allemagne, de la France ou de l'Italie. Mais pour avoir l'ambition de conquérir le marché européen, il faut récolter de l'argent par une introduction en bourse. Le 23 novembre 1999 Nina Brink fait part de son intention de faire entrer en bourse World Online. Ailleurs en Europe, des sociétés telles que Terra Networks, Tiscali et Freeserve ont vu le cours de leurs actions s'envoler immédiatement après leur introduction en bourse. Le timing semble donc parfait. Le fantastique essor de ce nouveau candidat à la bourse World Online est largement dû à sa co-fondatrice et présidente exécutive Nina Brink, médiatique femme d'affaires hors normes, travailleuse acharnée, mais n'ayant jamais pris les chiffres très au sérieux et dotée d'un caractère difficile qui se traduit par un fort turnover du top management. L'année dernière (1999), World Online a vu partir, entre autres, les directeurs généraux Michael Schulhof en janvier, Koos van der Meulen en milieu d'année et le directeur général néerlandais Paul Teuben en décembre. |
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Préparation de l'introduction en bourse | |||||||||||||||||||||||||||||
Le 22 février 2000, la société annonce officiellement dans un communiqué de presse son introduction en bourse prévue le 17 mars 2000. On apprend que World Online espère lever deux milliards d'euros et qu'il réserve une partie des nouvelles actions à son propre personnel et à ses abonnés. Une grande campagne promotionnelle se met en place. Des kits de connexion y contribuent à un double titre : informer et promouvoir. Ainsi, sur ce kit (kit), on lit au verso que World Online …gaat naar de beurs. Traduction : " entre en bourse. Lors de l'attribution des actions, une règle préférentielle s'applique à nos souscripteurs aux Pays-Bas. Vous pouvez vous inscrire pour bénéficier de ce programme jusqu'au 13 mars 2000... Le prospectus provisoire sera prêt vers le 2 mars 2000 ". Les abonnés néerlandais, même ceux qui souscriront au service gratuit, auront donc la priorité dans l'attribution des actions. Le prospectus mentionné est le document d'information qu'une entreprise doit soumettre à une autorité réglementaire et rendre public dans le cadre d'une opération financière comme une entrée en bourse. Se devant exhaustif, il peut faire des centaines de pages. La conférence de presse de lancement de l'introduction de World Online s'est tenue à Amsterdam le 1er mars. Si les grandes lignes de l'introduction en bourse sont rendus publiques, les journalistes sont gênés par le fait que le prospectus n'a pas encore été publié. A des questions portant sur sa participation personnelle dans l'entreprise, Mme Brink n'a pas donné de chiffre. Ce n'est que le vendredi 3 mars que le prospectus provisoire est sorti. Alors que l'introduction est fixée au 17 mars 2000, le prospectus définitif est publié le 16 mars 2000. L'opération est pilotée par ABN Amro et Goldman Sachs, coordinateurs globaux et banques co-chefs de file et co-teneurs de livre pour l'introduction des actions World Online à la bourse d'Amsterdam. La méthode du book building (construction du livre d'ordres - action consistant à regrouper dans un livre d'ordres l'ensemble des intentions d'achat) va être utilisée lors de l'introduction des actions World Online pour déterminer le prix d'introduction final. Du 3 au 13 mars 2000, les investisseurs qui souhaitent acheter des actions
World Online peuvent souscrire avec une fourchette de prix indicative
de 35 € à 43 €. Les principaux actionnaires de la société comprennent la Fondation de la famille Sandoz basée en Suisse, le fournisseur de téléphonie mobile néerlandais Telfort, joint-venture entre la société ferroviaire hollandaise et British Telecom, la société d'investissement Reggeborgh Beheer et le fabricant de microprocesseurs américain Intel Corporation. La Fondation de famille suisse Sandoz, actionnaire majoritaire de World
Online, détient une participation totale de 50,71 % par l'intermédiaire
de ses filiales Haselbeech Holdings NV, Mallowdale Corporation NV et Benguiat
Corporation NV. Outre l'admission à la cotation le 17 mars 2000 des quelques 234,5 millions d'actions existantes, l'opération donne lieu à l'émission de 46.906.454 nouvelles actions World Online et la vente de 20.656.365 actions existantes par trois actionnaires, à savoir Mallowdale, Melkpad et NS Telecom. Sur les 67.562.819 actions proposées à la vente, les particuliers se sont vu attribuer 13.512.564 actions soit 20% d'entre elles. A 43 €, les 46.906.454 actions nouvelles permettent de lever 2 milliards d'euros environ. Mallowdale Corporation NV est une filiale à 100 % de la Fondation de la famille Sandoz, principal actionnaire de World Online. La participation la plus précieuse de la Fondation était jusqu'à maintenant celle de 4,2 % dans le géant pharmaceutique suisse Novartis (créé en 1996 à partir d'une fusion de Sandoz, fondée en 1886 et Ciba-Geigy). Mallowdale cède 2.436.465 actions. Melkpad est une des sociétés d'investissement privées (avec Reggeborgh Participaties) de Dik Wessels, membre du conseil d'administration de l'entreprise de construction Volker Wessels Stevin, qui détient près de 13% des actions de World Online via ces deux sociétés d'investissement. Wessels vend la moitié de ses actions lors de l'introduction en bourse. Melkpad cède 13.719.900 actions. Une fortune : 590 millions d'euros (1,3 milliard de florins) dans l'hypothèse d'un prix d'introduction de 43 €. NS Telecom, réseau de télécommunications des chemins de fer néerlandais génère également des bénéfices fantastiques grâce à World Online. Les chemins de fer vendent 4.500.000 actions lors de l'introduction en bourse, pour un produit de 425 millions de florins dans l'hypothèse d'un prix de 43 € l'action. A titre de comparaison, l'année dernière, la NS a réalisé un bénéfice net de 258 millions de florins. Compte tenu d'un nombre d'actions d'environ 281 millions d'actions (soit 234,5 + 46,9), une valorisation totale de plus de 12 milliards d'euros pour World Online est atteinte si les investisseurs paient le prix maximum de 43 € dans la fourchette de prix. Du 2 au 16 mars 2000, World Online organise une tournée de présentation
en Europe et en Amérique du Nord pour intéresser les investisseurs potentiels
aux actions World Online. Le battage médiatique est extraordinaire. Panneaux
publicitaires, spots télévisés, interviews : impossible de rester dans
l'ignorance de son introduction en bourse. Les médias sont lyriques. Certains
pensent que World Online va devenir plus grand qu'America Online. Dans
le commerce gris à Londres, des prix de plus de 100 euros auraient déjà
été payés pour une action. World Online alimente encore cet engouement
avec des communiqués de presse réguliers sur les collaborations avec de
grandes entreprises : Cisco, Microsoft, Shell, etc. Dans la perspective de la cotation en bourse, les investisseurs ont voulu faire le plein de nouveaux titres. Environ 150.000 investisseurs privés veulent des actions. Stimulé par un doublement officieux (sur le marché gris à Londres) du prix d'émission en bourse et une clôture anticipée de la souscription, le placement des actions pour les particuliers s'est avéré 24 fois sursouscrit. L'engouement pour ce type d'entreprise déficitaire tient au fait que les investisseurs accordent plus d'attention aux flux de trésorerie futurs espérés qu'aux résultats passés. Naturellement, compte tenu de l'intérêt massif, le prix d'introduction
est fixé en haut de fourchette à 43 euros. A ce prix, la valorisation
de World Online est plus de trois fois supérieure à celle du fournisseur
d'accès Internet espagnol Terra Networks, qui était valorisée à 3,6 milliards
d'euros lors de son introduction en bourse l'an dernier. La valeur boursière
de Terra Networks s'élève désormais à plus de 35 milliards d'euros. A 43 euros, le plus gros coup financier de l'introduction en bourse de
World Online est réalisé par les membres de la famille suisse Sandoz.
Non seulement la Fondation de Famille Sandoz récoltera 105 millions d'euros
lors de l'introduction en bourse via sa filiale Mallowdale, mais la participation
restante de Sandoz vaut 5,2 milliards d'euros de plus que sa participation
dans Novartis. Sandoz a acquis sa participation en octobre 1998 pour moins
de 115 millions de florins et a donc presque multiplié par 45 son investissement.
Le 17 mars, les Pays-Bas auront leurs deux premiers super-riches de la
nouvelle économie. Outre Dik Wessels, le patron de l'entreprise
de construction Volker Wessels Stevin, l'introduction en bourse du fournisseur
d'accès Internet World Online fait de sa fondatrice Nina Brink
(46 ans) une milliardaire. Mais lorsqu'on lui a demandé quelle part de
ses actions elle souhaitait vendre, elle a répondu que "Pour des raisons
évidentes, je garde cela secret". Ciel d'orage sur le secteur technologique On ne sait pas encore, mais c'est le 06 mars 2000 que l'action Tiscali atteint un maximum absolu en séance de 1197 €. Le titre introduit à 46 € le 27 octobre 1999 est donc monté à 1197 € ce 6 mars, soit une hausse incroyable de 2500% en un peu plus de 4 mois après son entrée en bourse ! On ne sait pas encore, mais c'est le 10 mars 2000 que l'indice phare des technologies US, le Nasdaq Composite de New York, a atteint son point culminant à 5.048,62 points contre 1.291,03 points le 1er janvier 1997. Vendredi 10 mars, Paris a vu l'introduction de la communauté virtuelle Multimania, au prix de 36 euros. La société a ouvert à 125 euros - une augmentation spectaculaire - mais a reculé ensuite. La chute des prix a été si forte lundi 13 que la cotation a dû être interrompue trois fois, et le 15 mars au matin Multimania était tombé à 75 euros. Merrill Lynch publie le 14 mars une enquête qui montre que 30% des gestionnaires de fonds dans le monde, avec des actifs investis collectivement de 9 600 milliards d'euros, envisagent de réduire leur pondération dans les valeurs technologiques, car ils s'attendent à ce que la performance de ces valeurs chute au cours de cette année. Lastminute.com, l'agence de voyages, est entrée à la Bourse de Londres le mardi 14 mars à un prix d'émission de 380 pence. Le prix a bondi à 511 pence au cours de la première heure de négociation, culminé à 555 pence et clôturé à 477 pence. Mais le 15 mars au matin, la société est tombée à 420 pence - juste au-dessus du prix d'émission. Introduit à 41 euros à la Bourse de Paris le 16 mars 2000, le titre Liberty Surf clôture à la fin de son premier jour de cotation à 53,15 euros (+29,63% par rapport au prix d'introduction) avec près de 642.000 particuliers demandeurs de titre, un record au Règlement Mensuel hors privatisations. Le résultat est pourtant jugé mitigé, les cours atteints sur le marché gris ayant été bien supérieurs. |
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Une introduction ratée | |||||||||||||||||||||||||||||
Le vendredi 17 mars 2000 allait devenir une date mémorable pour les investisseurs. C'est ce jour-là que la société Internet World Online est introduite en Bourse. A son prix d'introduction de 43,00 €, la pièce maîtresse néerlandaise de la Nouvelle économie vaut plus de 12 milliards d'euros. De nombreux investisseurs ont investi un total de 2,9 milliards d'euros pour acquérir les 67.562.819 actions proposées à la vente. Les médias sont lyriques. World Online annonce qu'il a acquis la société
suédoise Telitel, lui permettant d'élargir rapidement sa clientèle en
Suède et d'étendre 12move sa joint-venture avec Shell. Les actions World
Online proposées ont été sursouscrites 21 fois, principalement en raison
de la ruée des investisseurs privés, ce qui entraîne généralement une
augmentation significative des prix le premier jour de négociation. En
conséquence, personne n'a reçu le nombre d'actions qu'il a souscrit, mais
ceux qui ont souscrit via le leader d'introduction ABN Amro eurent la
priorité dans l'attribution des actions. Dans les échanges de pré-lancement
sur le marché gris de Londres, les actions de World Online s'élevaient
à plus de 72 €. La première cotation de World Online est fixée à 12h30. Environ deux minutes plus tard, le chiffre s'affiche sur le tableau électronique de la Bourse d'Amsterdam: 50,20 euros ! C'est la fête à la Beursplein 5 (Place de la Bourse en néerlandais) avec champagne et visages souriants ; et bien sûr la photo emblématique de Nina Brink, fondatrice et présidente du fournisseur d'accès à Internet, large sourire aux lèvres, avec ses deux pouces levés en signe de victoire. Une photo qui fera le tour du monde. 53,8 millions des 67,6 millions d'actions World Online proposées ont été négociées cette demi-journée. En milieu d'après-midi, la négociation a été interrompue trois fois, dont une pendant 30 minutes, à cause des flux d'ordres trop importants pour être traités. Mais à la clôture, le titre World Online cote 43,20 euros, à peine 20 centimes de plus que le cours initial d'introduction de 43 euros ! L'introduction sur le marché du fournisseur d'accès à Internet World Online n'a donc pas suscité l'euphorie qui avait prévalu dans les deux semaines précédant l'introduction en Bourse du fournisseur d'accès paneuropéen basé à Rotterdam. La déception allait amener les observateurs à trouver des explications
plus ou moins pertinentes en fonction de leurs propres convictions : Le lundi 20 mars, pour son deuxième jour de cotation, l'action World Online clôture à 37,40 euros en fort recul de 13,4 %, par rapport aux 43,20 euros vendredi. Les événements entourant World Online ont contribué ce matin-là à la nervosité autour des actions Internet en Europe. À Milan, la négociation des actions du fournisseur d'accès Internet italien Tiscali a été suspendue après une baisse de 10 %. Le 21 mars, World Online continue de chuter de 19,9 %, à 29,95 euros
en clôture de la Bourse d'Amsterdam. Par rapport à son cours d'introduction
de 43 euros vendredi dernier, la dégringolade est encore plus spectaculaire
puisqu'elle atteint 30,3 %. Le 23 mars, Nina Brink dément les rumeurs croissantes sur les ventes d'actions qu'elle aurait effectuées, mais le lendemain, vendredi 24, elle reconnaît qu'elle avait vendu des actions avant l'introduction en bourse. C'était écrit dans le prospectus, déclare-t-elle. Pour tenter de mettre fin à la spirale baissière, World Online annonce avant le week-end une multiplication par cinq de son chiffre d'affaires (à 26,2 millions d'euros) sur les deux premiers mois de cette année en comparaison avec la même période un an plus tôt. Or, non seulement la croissance des entreprises est généralement appréciée de trimestre en trimestre (entier), mais un analyste souligne qu'il reste peu de croissance dans son périmètre d'origine si le chiffre d'affaires des dernières acquisitions telles que Telinco, Bun.com et UUNet Belgium est inclus dans les deux premiers mois de cette année. Lundi 27 mars, le cours de l'action World Online atteint un nouveau plus bas le matin à 23,50 euros, soit à peine plus de la moitié du cours d'introduction de 43 euros il y a une semaine et demie. Les gros investisseurs se débarrassent de leurs actions World Online. Le 28 mars, la Stichting Toezicht Effectenverkeer (STE- La fondation pour la surveillance des opérations sur titres - L'autorité néerlandaise des marchés financiers) annonce qu'elle lance une enquête pour savoir si l'introduction de World Online, menée par ABN Amro et Goldman Sachs, s'est faite dans le respect des règles en vigueur à Amsterdam. Le jeudi 30 mars, on apprend que World Online donnera incessamment des éclaircissements sur les événements autour de l'introduction en bourse de son capital. Cela est nécessaire, compte tenu des révélations ces derniers jours qui ont sérieusement entamé la crédibilité de Nina Brink, fondatrice et présidente de World Online, ainsi que celle d'ABN Amro et Goldman Sachs, les deux banques qui ont supervisé l'introduction en bourse. Le vendredi 31 mars, le titre World Online clôture à 23,35 €. Le lundi 3 avril 2000, alors que l'action est tombée à 19,25 €, World
Online International NV publie un communiqué de presse, signé par Victor
Bischoff, président du conseil de surveillance, suivi d'une déclaration
de Nina Brink, présidente du directoire. De ces documents, de ceux déjà
connus et de ceux qui seront mis au jour, on peut établir la chronologie
des événements suivante : Le conseil conclut dans son communiqué de presse que : Quant à la déclaration de Nina Brink du 3 avril 2000, on peut retenir qu'elle a gagné environ deux cents millions de florins de la vente "pour des raisons tout à fait personnelles pour assurer l'avenir financier de [s]a famille ". |
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L'affaire tourne au scandale | |||||||||||||||||||||||||||||
Nina Brink avait donc vendu plus des deux tiers de ses propres actions (environ 14,9 millions) en décembre 1999, soit peu de temps avant l'introduction en bourse, à trois fonds d'investissement, dont 10 millions à Baystar, une société américaine de capital-investissement, à seulement 6,04 $ l'action, bien moins que le cours de 43 € auquel l'action sera introduite le 17 mars suivant. Ce n'était guère un acte de confiance dans le groupe. Les investisseurs néerlandais sont indignés. Beaucoup affirment qu'ils n'auraient jamais investi dans l'entreprise s'ils avaient su que Nina Brink avait déjà vendu ses actions. Or, cette transaction n'était mentionnée dans le prospectus d'information (à la page 99) que sous le terme de "transfert" au lieu de celui, plus clair, de "vente". "Information incorrecte !" déclarent des actionnaires qui pensaient que ces titres avaient été confiés aux trois fonds et affirment donc qu'ils ont été induits en erreur parce que le prospectus aurait dû indiquer que Nina Brink avait "vendu" ses actions. Et de toute façon, un prix de vente n'est mentionné nulle part. En outre, Baystar, qui a refusé de signer un engagement de conservation des titres acquis, [les deux autres fonds se sont engagés, comme il est de coutume, à respecter un " lock-up " de six mois] a vendu 1,2 million d'actions le jour même de l'introduction en Bourse de World Online, selon Brink à son insu, empochant une énorme plus-value et accélérant la baisse du titre alors que les investisseurs s'attendaient à une explosion des cours. Comme si cela ne suffisait pas, Nina Brink recevra la moitié des plus-values que Baystar réalisera sur la revente ultérieure des actions. Outrés, furieux, beaucoup d'actionnaires se retirent de World Online - et contribuent à accentuer la dégringolade du titre qui cote 13,80 € le 5 avril 2000, soit une chute de 68% par rapport aux 43 € de l'introduction datant de moins de 3 semaines ! Les salariés de World Online, qui pouvaient recourir à un prêt sans intérêt auprès de leur société pour acquérir des actions de l'entreprise, ont été stupéfaits d'apprendre que leur patronne avait vendu peu de temps avant l'offre. Cette affaire contribuera à l'effondrement de la "bulle Internet" en Europe. Le 6 avril 2000, deux avocats réputés Oskar Hammerstein et Gerard Spong se proposent pour défendre les investisseurs dupés et obtenir des compensations pour les pertes subies par les nouveaux actionnaires. Nina Brink, P-DG de World Online International, a été désavouée par son propre directeur financier le 10 avril, lors d'un conseil d'administration houleux, rapporte le Financial Times. Son comportement jette un discrédit certain sur la société, érodant sérieusement la confiance des investisseurs, a insisté Ruud Huisman, le directeur financier, qui fait partie des premiers cadres à avoir rejoint World Online en octobre 1998. Et toujours selon le Financial Times, les banques ayant accompagné la société en Bourse seraient tombées d'accord pour pousser Nina Brink vers la démission. Le 13 avril 2000 le cabinet d'avocats Hammerstein et Spong lance une
action en justice, au civil et au pénal, contre World Online, Nina Brink
et les deux banques leaders de l'introduction, ABN Amro et Goldman Sachs.
Ce même jeudi 13 avril, quelques heures après la confirmation du lancement d'une action en justice, un communiqué tombe. "Le Conseil de Surveillance de World Online fait savoir qu'après mûre réflexion, et à sa demande, Mme Nina Brink abandonne son poste de présidente et de membre du directoire de la société. Elle a pris cette décision dans l'intérêt de la firme. Considérant les grands mérites de Mme Brink, le Conseil constate, avec regret, que les circonstances ont dicté cette décision." Nina Brink démissionne de la présidence de World Online. Nina Brink ne rompt pas complètement les ponts avec World Online. "A compter de la mi-mai, Mme Brink conseillera le Conseil des Commissaires pour les questions de stratégie et de développement de la société." Son bras droit, Simon Duffy, ancien directeur financier de Guinness puis d'EMI, la remplacera à la tête de World Online. De plus, comme l'avait déclaré le directeur financier Ruud Huisman, Nina Brink détient toujours une participation de 2,60% dans World Online ; ses 3.13% ayant été dilués suite à l'émission d'actions lors de l'introduction. Les ennuis de Nina Brink, de World Online et des deux banques introductrices ABN Amro et Goldman Sachs ne s'arrêtent pas là. La VEB (De Vereniging van Effectenbezitters - L'Association des détenteurs de titres) mène dès la fin mars une enquête sur les ambiguïtés entourant l'introduction en bourse. "Nous voulons savoir si les informations contenues dans le prospectus sont correctes, claires et complètes", déclare Peter Paul de Vries le directeur de VEB, l'association des petits actionnaires, très active aux Pays-Bas qui va très vite entamer des poursuites judiciaires. Le PDG d'ABN Amro, Jan Kalff, expliquera malhabilement la déconfiture boursière de World Online par " la volatilité des marchés " et mettra en cause les illusions des petits porteurs voyant dans les marchés "une loterie gagnante à chaque coup". L'introduction en bourse de World Online s'est avérée être un désastre
financier, sauf pour les actionnaires vendeurs. Parmi ceux-ci, il en est
un qui ne saurait être taxé de cupidité : TROS, l'association de radiodiffusion.
TROS, partenaire historique de World Online depuis février 1996 et qui
en détenait encore un quart de pour cent des actions. |
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World Online tente de survivre | |||||||||||||||||||||||||||||
La plus grande introduction en bourse jamais réalisée pour une société Internet en Europe (plus de 2,9 milliards d'euros levés pour 24% du capital de la société mis sur le marché) s'avéra une catastrophe et elle a terni la réputation des banques introductrices ABN Amro et Goldman Sachs, de la bourse d'Amsterdam et de l'entreprise elle-même. En quelques semaines, le cours de l'action World Online s'est effondré et sa fondatrice et PDG Nina Brink, jusque-là l'égérie de la Nouvelle Economie, a démissionné sous la pression du conseil de surveillance, des employés et des investisseurs à la suite d'accusations de dissimulation d'informations cruciales au public. James Kinsella, ancien vice-président de Microsoft, et président de MSNBC, le site d'informations lancé par Microsoft et la chaîne NBC, est choisi début mai pour remplacer Nina Brink en tant que président du directoire de World Online au 1er juin et tenter de rétablir la confiance. L'assemblée générale des actionnaires du 19 juin vote à 94% en faveur de la nomination de l'Américain James Kinsella. A cette AG, Victor Bischoff, président du Conseil de surveillance (et patron de la Fondation de la famille Sandoz) tente d'expliquer que World Online a en fait souffert d'un retournement du marché qui a touché toutes les actions de la Nouvelle Economie en exposant, graphiques à l'appui, les cas de Freeserve, Terra et Tiscali. Mais à la question de la VEB, l'association des petits actionnaires néerlandais qui affirme représenter 3.500 porteurs qui se sentent floués par l'introduction en bourse : "Pourquoi les salariés de World Online, qui pouvaient recourir à un prêt sans intérêt auprès de leur société pour acquérir des actions, vont-ils pouvoir se les faire rembourser au prix acheté de 43 euros, alors que les autres actionnaires ne bénéficient pas de ce traitement de faveur?", le Conseil de surveillance aura toutes les peines du monde à convaincre que "tous les actionnaires sont traités de la même façon". Ce jour-là, l'action vaut 14,5 euros. Le nouveau président américain réduit le marketing et le département éditorial et licencie 150 employés au siège social de Rotterdam. Il annonce une restructuration de la compagnie en trois unités clés -- fourniture d'accès (et notamment l'accès Internet rapide), portail et services commerciaux --, en vue d'accélérer l'accès de la firme à la rentabilité. James Kinsella tente de faire passer World Online du rang de simple fournisseur d'accès dépendant d'opérateurs de télécommunications dans chacun de ses pays d'activité à celui "d'opérateur de réseau interconnecté avec facturation directe à ses propres clients", mais il n'en aura pas le temps, ni l'occasion, World Online souffrant d'une image irrémédiablement dégradée. Le fournisseur d'accès gratuit à Internet publie des résultats du premier semestre 2000 extrêmement mauvais. Si le chiffre d'affaires de World Online s'est inscrit en forte hausse au premier semestre à 96 millions d'euros, contre seulement 18 millions au premier semestre 1999, en revanche World Online constate une perte nette de 219,3 millions d'euros, près de vingt fois supérieure à celle de 11,8 millions subie sur la même période l'an dernier. L'excédent brut d'exploitation de la société est négatif de 179,3 millions d'euros, avec une aggravation au deuxième trimestre à 103,69 millions d'euros contre 75,62 millions d'euros au premier. Seul point positif, l'augmentation du nombre des abonnés. World Online comptait fin juin 2000 quelque 3,7 millions d'abonnés enregistrés, dont 2,4 millions actifs. James Kinsella a finalement vendu World Online à Tiscali, le concurrent italien, dans le cadre d'un accord valorisant son groupe à plus de 5 milliards d'euros. |
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Tiscali et World Online signent un accord de fusion | |||||||||||||||||||||||||||||
Tiscali et World Online signent un accord de fusion Le 7 août 2000, le Wall Street Journal Europe annonce en " une " que l'italien Tiscali négocie le rachat du néerlandais World Online. Du coup le titre World Online gagne 11,36% en fin de matinée à la Bourse d'Amsterdam à 12,25 euros tandis que Tiscali gagne 0,23% à Milan à 51,95 euros. Cette tentative fait suite à l'échec de la reprise par le même Tiscali du français Liberty Surf, selon le quotidien des affaires. C'est la deuxième fois en trois mois que des sources font état de discussions en vue d'une fusion entre les deux groupes. En juin, une rumeur les mariait déjà. Le titre World Online poursuivra sa hausse après que le groupe a confirmé l'existence de discussions avec Tiscali. World Online, largement délaissé par les investisseurs vaut en Bourse moins de la moitié de Tiscali (valorisé à 8,7 milliards d'euros), alors qu'il dispose d'un portefeuille d'abonnés supérieur à celui de l'italien (3,7 millions d'abonnés fin juin, dont 2,4 millions d'actifs, contre 2,3 millions pour Tiscali). Le groupe World Online dispose en outre d'une trésorerie de plus de 1,6 milliard d'euros. Des chiffres qui n'empêchent pas le titre, malgré son récent rebond, de rester très loin (à moins de 13 euros) de son cours d'introduction de 43 euros. Le 7 septembre 2000, Tiscali et World Online annoncent leur intention de créer "une société pan-européenne leader dans les services Internet" et signent un accord de fusion. Le nouvel ensemble qui doit conserver le nom de l'opérateur italien comptera plus de six millions d'abonnés en Europe (4,2 millions pour World Online et 2 millions pour Tiscali), aura son siège social en Sardaigne, en Italie ; Renato Soru, le fondateur de Tiscali, en devient président exécutif et James Kinsella directeur général. Si le terme de fusion semble donner la même importance aux deux FAI, il s'agit bel et bien en réalité d'une acquisition de World Online par Tiscali. La fusion entre Tiscali et World Online sera réalisée par le lancement,
par Tiscali, d'une offre publique d'échange (OPE) d'actions Tiscali nouvellement
émises sur toutes les actions World Online. La parité définitive offerte
aux actionnaires du groupe néerlandais sera calculée sur la base des 10
dernières séances de cotation de Tiscali avant le lancement de l'offre
(la "Période de Référence"): Tiscali annonce le 6 novembre le lancement officiel de son offre publique d'échange sur toutes les actions World Online. Si l'action Tiscali cotait à l'époque de l'annonce de la fusion 46 euros environ, elle a depuis amorcé un repli lent mais régulier proche de 20% (Tiscali cotait 36,80 € ce matin). Pour sa part World Online, dont le cours était de 17,40 euros le 8 septembre à la Bourse d'Amsterdam a baissé dans les mêmes proportions. La parité définitive d'échange offerte aux actionnaires du groupe néerlandais sera donc de 0.4891 action Tiscali pour chaque action World Online ; ce qui valorise celle-ci 18 € environ (= 36.80 € x 0,4891). Elle valait 14,75 € ce matin, en hausse de 3,15%. La période de l'offre commence le lendemain 7 novembre 2000, et se terminera le 6 décembre. Rappelons que la Fondation de famille suisse Sandoz, est l'actionnaire
principal de World Online par l'intermédiaire de ses filiales Haselbeech
Holdings NV, Mallowdale Corporation NV et Benguiat Corporation NV. Parallèlement à la signature de l'Accord, des engagements unilatéraux
et irrévocables ont été signés le 7 septembre 2000 : Reggeborgh Participaties BV s'est engagé également (le 15 septembre 2000) pour un nombre d'actions World Online égal à 17.351.980. De son côté, Intel Corporation, un des principaux actionnaires de World Online, a déclaré son intention d'apporter la totalité des parts détenues à l'OPE, soit 8% de World Online. Tiscali est ainsi déjà assuré d'obtenir plus de 177 millions de titres World Online, représentant 62,1% du capital, grâce au soutien des principaux actionnaires de cette dernière : la Fondation Sandoz, la société néerlandaise Reggeborgh et le groupe américain Intel. Par ailleurs, il est précisé à l'occasion de la signature de ces engagements que Renato Soru, le patron créateur de d'opérateur italien, possède 108.100.000 actions Tiscali, représentant environ 64,36% du capital social de Tiscali. L'accord signé par World Online avec Tiscali démontre aussi que Renato Soru est un négociateur hors pair, opportuniste et persuasif. Devant World Online devenu vulnérable après son introduction en bourse controversée de 2,9 milliards d'euros en mars, Soru a réussi à convaincre la Fondation de famille Sandoz d'échanger sa participation majoritaire dans World Online contre une participation de 17,8% dans Tiscali. Il a réussi également à convaincre Reggeborgh, la société d'investissement de Dik Wessels et Intel de faire l'opération avec lui et de rejeter les ouvertures de T-Online, Wanadoo et Freeserve (racheté peu de temps après en décembre 2000 par Wanadoo). |
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Sur le plan judiciaire, ça ne s'arrange pas ! | |||||||||||||||||||||||||||||
En plein rachat par Tiscali, le fournisseur néerlandais d'accès à Internet a fait l'objet d'une perquisition judiciaire le lundi 13 novembre 2000, au siège de World Online à Rotterdam. Outre le siège de World Online, une perquisition a également été menée dans les locaux de la banque ABN Amro, ainsi que dans la société d'investissement Reggeborgh. Plus tard, on apprenait que Nina Brink, fondatrice de World Online, avait également remis des documents à la justice. Il est loin le temps où elle faisait l'admiration de ses compatriotes ! Ces perquisitions étaient la conséquence des deux actions en justice introduites, d'une part par l'Association des petits actionnaires, VEB, et, d'autre part par le duo d'avocats néerlandais Oskar Hammerstein et Gerard Spong au nom de plusieurs milliers d'actionnaires de la société s'estimant floués par les conditions de l'introduction en Bourse le 17 mars dernier. Peter Paul De Vries, de la VEB, représentant au moins 8.700 petits actionnaires, réclame 220 millions de florins à titre de compensations ; World Online en propose seulement 10, tandis que ses salariés ont bénéficié de mécanismes de compensation pour leur investissement désastreux dans leur propre entreprise. Selon le procès-verbal de la perquisition, la justice enquête sur deux délits : mauvaise information lors d'une introduction en Bourse et délit d'initié. Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Selon une procédure au civil lancée par un autre cabinet d'avocat, la justice s'intéresserait à plusieurs membres du conseil de surveillance de World Online, suspectés de confusion d'intérêts. Deux d'entre eux, représentants la famille Sandoz et la société Reggeborgh, ont partiellement racheté les actions de Nina Brink, aux côtés de Baystar. Poursuites judiciaires, perquisitions, soupçons : rien ne semble indiquer que la fin des difficultés soit en vue pour World Online. Au point que ses conseils menacent de réclamer à l'Etat des dommages et intérêts si le rachat de la société par Tiscali venait à capoter. |
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Tiscali absorbe World Online | |||||||||||||||||||||||||||||
World Online, dont l'action avait chuté sous les 10 euros en août dernier, publie en octobre ses résultats du troisième trimestre montrant une légère amélioration. Réduisant ses pertes de 17% sur les trois derniers mois, il annonce une augmentation de 3% de son chiffre d'affaires par rapport au second trimestre, à 56,9 millions d'euros. Le groupe accuse néanmoins de lourdes pertes s'élevant à 101,26 millions d'euros pour ce troisième trimestre. Avec sa nouvelle direction, World Online poursuit courageusement son activité et son développement. Il acquiert début octobre 2000 les 32,8% du FAI allemand Nacamar Group qu'il ne détenait pas encore. L'opération sera financée en numéraire et par émission de 1,9 million d'actions nouvelles. Le 23 novembre 2000, les actionnaires sont invités à une assemblée générale extraordinaire au cours de laquelle James Kinsella, président de World Online, tentera par un discours d'une demi-heure de convaincre les petits actionnaires présents dans la salle de vendre leurs actions à l'italien Tiscali. On sait que les actionnaires principaux, dont la famille Sandoz et le fabricant de microprocesseurs Intel, ont déjà promis d'apporter 62% du capital. Mais une adhésion massive des milliers d'actionnaires, qui se sentent dupés par les conditions de l'introduction en Bourse, contribuerait à redorer le blason de la société et permettrait à Kinsella de se consacrer à un objectif : faire de l'alliance World Online -Tiscali une réussite. Mais les " petits porteurs " ont du mal à accepter que Tiscali, plus petit en termes de chiffre d'affaires, de nombre d'abonnés et de cash-flow, rachète leurs actions pour un prix tournant maintenant autour de 16 euros. Lors de l'introduction en Bourse, il y a 8 mois seulement, ces mêmes actionnaires payaient leurs titres 43 euros ! Les actionnaires avaient jusqu'au 6 décembre pour décider s'ils apportent
ou non leurs titres à l'opération d'échange en cours. "Les 80% du capital requis pour déclarer notre offre inconditionnelle ont donc été atteints", précise le communiqué commun de Tiscali et de World Online. "Toutes les conditions de l'offre ayant été satisfaites, Tiscali annonce que cette offre est réussie". Les actionnaires minoritaires souhaitant encore apporter leurs titres
à l'OPE auront encore la possibilité de le faire jusqu'au 29 décembre.
Le 12 janvier 2001, World Online a été radié de la cote car Tiscali en possède toutes les actions. Au final, 140.534.885 actions nouvelles Tiscali ont été créées, portant le nombre total d'actions Tiscali à 308.813.507. La presse a souvent publié le montant d'une acquisition par Tiscali de près de 5,9 milliards d'euros pour World Online, mais cela suppose que Tiscali aurait acquis chaque action World Online pour 20 euros, or ce prix n'était valable que pour une action Tiscali cotant à l'époque de l'annonce de la fusion 46 euros environ. On vient de voir que le prix réel était proche de 13 euros, ce qui ramène la valeur d'acquisition à moins de 3,8 milliards d'euros. Mais, surtout, l'acquisition a été réalisée entièrement par échange d'actions. "L'effondrement du cours des actions sur Internet nous a en fait aidés puisque nous avons réussi à perdre moins de valeur que les entreprises que nous avons acquises, ce qui signifie que nous payons moins que par le passé", déclare Cristofori, directeur financier de Tiscali non sans un certain cynisme. Au terme de l'opération effectuée en actions, les anciens actionnaires
de Tiscali (dont Renato Soru, fondateur, principal actionnaire et président)
détiennent 56,7% de la nouvelle société tandis que ceux de World Online
en détiennent 43,3%. La venue de James Kinsella, le président de World Online, l'ancien dirigeant de Microsoft qui a construit le populaire portail d'actualités et de divertissement MSNBC aux États-Unis, est également appréciée. Son arrivée chez Tiscali est de nature à répondre à l'inquiétude de nombreux investisseurs qui ne voient pas comment Renato Soru pourrait poursuivre un programme d'acquisitions aussi actif et avoir encore le temps d'exécuter une stratégie d'intégration réfléchie et cohérente. Mieux encore, cette opération donne à Tiscali l'accès aux fonds levés par World Online lors de son introduction en bourse, soit près de 1,6 milliard d'euros. Cet argent frais sera fort utile à l'italien, qui a dû financer sa croissance par un emprunt obligataire de 200 millions d'euros à fort taux d'intérêt, et qui entend bien poursuivre son programme d'acquisitions continu un peu partout en Europe. "L'accord était essentiel pour stabiliser notre situation financière", affirme Cristofori. "Avant d'acheter World Online, nous n'avions que 150 millions d'euros en espèces." Étant donné que l'Association des petits actionnaires, VEB, ne demande qu'environ 100 millions d'euros de dommages et intérêts à World Online, tandis que Tiscali a mis la main sur un trésor de guerre de 1.600 millions, Renato Soru a clairement conclu un accord formidable. L'acquisition de World Online a rendu possible la transformation de Tiscali en une véritable entreprise paneuropéenne. Il a permis au groupe d'être présent dans quinze pays, de doubler son nombre d'utilisateurs actifs et de compléter une boucle de lignes louées en fibre optique par une nouvelle boucle nord, créant le plus grand réseau de fibre optique indépendant en Europe. Le siège social de World Online à Rotterdam a été fermé peu de temps après l'acquisition. Début février 2001, James Kinsella, qui a remplacé Nina Brink au poste de directeur général de World Online après son départ en juin 2000, puis a été nommé directeur général de Tiscali à l'automne dernier, démissionne de son poste, après cinq mois de cohabitation avec Renato Soru. Motif officiel : divergence de points de vue. "Mon mandat était de gérer les choses au jour le jour", explique Kinsella, "mais il est vite devenu clair que Renato n'était pas disposé à se séparer de cette autorité." Mais Renato Soru n'a pas toujours du mal à conserver les cadres supérieurs des entreprises qu'il a acquises. Ruud Huisman, l'ancien directeur financier issu de World Online, deviendra directeur général de Tiscali Benelux et Scandinavie en octobre 2002, puis succédera à Renato Soru comme nouveau directeur général de Tiscali le 2 mars 2004. |
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Sort de quelques filiales World Online | |||||||||||||||||||||||||||||
Après une longue série d'acquisitions, Tiscali marque une pause dans sa croissance externe pour restructurer son organigramme et renomme l'ensemble de son réseau sous le nom de Tiscali (kit). La société, qui est cotée à la Bourse italienne, est dirigée par son fondateur, président et PDG Renato Soru, dont la participation de 37 % dans la société, parfois évaluée à plus de 14 milliards d'euros, a fait de lui l'une des personnes les plus riches d'Italie. En Belgique La fusion entre World Online et Tiscali devrait entraîner de nombreuses
pertes d'emploi et le déplacement du site d'Anvers vers Bruxelles. En Suisse World Online avait annoncé le 28 septembre 1999 le lancement officiel de son antenne helvétique. De son côté, Tiscali était entré en Suisse en procédant au rachat du fournisseur de services Internet suisse DataComm AG en janvier 2000. En février 2001, les 58 salariés de la filiale suisse World Online SA sont licenciés et toutes les activités sont regroupées sous la marque Tiscali, dont plus tard les activités de SurfEU.com, qui est reprise en avril 2001. En Autriche Tiscali n'était pas présent en Autriche. L'entrée sur le marché autrichien des télécommunications s'est donc faite en décembre 2000 par le rachat de World Online International NV qui, lui, était déjà actif en Autriche. Les activités de SurfEU.com Ltd, qui a été reprise en avril 2001, et celles d'autres sociétés reprises, telles que Merlin, pLANetONE et Vianet, ont été ajoutées ultérieurement. En Allemagne Début août 1999 World Online avait acquis la majorité des actions de son concurrent allemand Nacamar, puis le reste des actions début octobre 2000. Pour Tiscali, l'entrée sur le marché allemand a eu lieu en février 2000, avec la reprise de la société hambourgeoise de téléphonie et d'Internet Nikoma MediaWorks GmbH. Après une courte période où la marque TiscaliNet cohabite avec World Online (kit), l'ensemble apparaît désormais sous la seule marque Tiscali (kit). En avril 2001, Tiscali a repris les fournisseurs Internet allemands Planet Interkom et SurfEU. En Afrique du Sud Vodacom, leader sud-africain du mobile, avait, en juin 1999, créé une joint-venture avec World Online. Ce dernier avait porté sa participation à 60% en octobre 1999. Suite à l'OPE sur World Online, Tiscali détenait donc 60% de cette entreprise commune. En janvier 2002, Vodacom a vendu sa participation résiduelle de 40% à Tiscali. |
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Le sort particulier de World Online France | |||||||||||||||||||||||||||||
Un mois après la prise de contrôle de World Online, Tiscali annonce le 8 janvier 2001 l'acquisition du FAI français Liberty Surf, ayant racheté les 36,47% que possèdent chacun le distributeur britannique Kingfisher et Europ@web, la filiale Internet de Groupe Arnault, en échange d'actions Tiscali à émettre et de cash. Le rachat de Liberty Surf (qui venait d'acheter en octobre dernier son concurrent français Freesbee), donne à Tiscali la place de le deuxième FAI de France, avec 900.000 utilisateurs réguliers supplémentaires. Tiscali s'était implanté en France en rachetant en décembre 1999 A Telecom, un modeste opérateur de services téléphoniques basé à Marseille, qui revendique 15.000 clients dans l'Hexagone, mais a l'avantage d'être présent sur tout le territoire français grâce à des accords d'interconnexion avec France Télécom. Pierre Besnainou, PDG et fondateur de Liberty Surf, démissionne le 14 février et est remplacé par Rafi Kouyoumdjian, directeur général depuis octobre 2000, qui sera chargé " d'assurer le rapprochement opérationnel entre les différentes entités du groupe Tiscali en France "(Liberty Surf, Freesbee, World Online France, A Telecom). A court terme, Liberty Surf va demeurer en tant que marque, comme l'a confirmé Renato Soru le 8 janvier 2001. La marque Liberty Surf " doit perdurer ", car elle a " un taux de notoriété de 80 % ". Mais à plus longue échéance, le fondateur de Tiscali a dit et répété qu'il souhaitait que "les enseignes soient regroupées sous le même parapluie en Europe". L'arrêt des activités internationales de Liberty Surf semble donc inéluctable ; Liberty Surf récupérant les filiales françaises de Tiscali et de World Online, tandis que ses filiales étrangères seront logées dans Tiscali. La présence d'actionnaires minoritaires chez World Online France (Bouygues Telecom et TF1) complique la tâche de la nouvelle direction. Il va être vite résolu. En juin 2001, Bouygues Telecom a cédé sa participation de 22 % dans la société World Online France à la société World Online International à la suite de la restructuration du groupe Tiscali en France. De même, suite au changement d'actionnariat de World Online International, TF1 cède le 27 juin 2001 sa participation de 13% (117 004 actions) dans World Online France à World Online International pour la somme de 7.577,88 €, une misère. Le groupe italien va faire preuve de pragmatisme dans ses acquisitions françaises. Après l'achat de World Online fin 2000, Tiscali a d'abord fait apposer la discrète mention que c'était maintenant " A Tiscali company " (kit) et a plus tard édité un kit Tiscali World Online (kit) qui était resté unique, la marque World Online disparaissant ensuite définitivement. C'est ainsi qu'en juillet 2001, Tiscali décide de ne plus commercialiser l'offre Turbo ADSL de World Online au profit du pack Update ADSL de Liberty Surf. La fin effective de l'offre est prévue pour la semaine du 15 août 2001. Les anciens abonnés à World Online Turbo ADSL seront réorientés sur l'offre packagée Update ADSL de Tiscali-Liberty Surf (pack modem). Après l'achat de Liberty Surf en janvier 2001 (qui venait d'acquérir Freesbee fin octobre 2000 en le faisant disparaître du paysage), Liberty Surf a été rebaptisé Tiscali - Liberty Surf le 1er juillet 2001, et Tiscali avait envoyé ses propres abonnés français chez Liberty Surf qui possédait bien plus d'abonnés que lui. Mais le 15 avril 2002, Liberty Surf devient Tiscali. La marque Tiscali apparaît seule dorénavant. |
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Poursuites judiciaires | |||||||||||||||||||||||||||||
En quelques semaines, le cours de l'action World Online introduite en Bourse à 43 € le 17 mars 2000 s'est effondré et sa fondatrice et PDG Nina Brink a démissionné sous la pression du conseil de surveillance, des employés et des investisseurs à la suite d'accusations de dissimulation d'informations cruciales au public ; notamment celle que Mme Brink avait déjà vendu l'essentiel de ses actions à un prix bien inférieur. Dans les jours qui ont suivi l'introduction, il est progressivement apparu que le prospectus édité de World Online était incorrect et trompeur à bien des égards. Par la suite, il s'est avéré que l'organigramme du groupe comprenait même une société qui n'avait pas été reprise (Telitel) et que les collaborations annoncées avec des entreprises importantes ne reposaient sur aucun accord concret. La justice a ouvert une affaire pénale, mais le tribunal a jugé que le prospectus ne contenait aucune information incorrecte ou trompeuse. Cependant, Brink a été condamnée au civil fin 2003 pour tromperie des actionnaires en niant avoir vendu des actions lors d'une conférence de presse. Selon le tribunal, elle aurait dû dire qu'elle avait vendu des actions quelques mois plus tôt. Le nouveau propriétaire de World Online, Tiscali, devrait indemniser les investisseurs dupés. Le 27 novembre 2009, la Cour suprême a annulé la décision antérieure de la Cour et a déclaré que World Online était effectivement coupable de tromperie lors de son introduction en bourse. En effet, elle n'aurait pas précisé que Nina Brink avait déjà vendu ses propres actions. Certaines banques qui ont soutenu la société lors de l'introduction en bourse ont également été reconnues coupables de tromperie ; par exemple, ABN Amro a obtenu un cours d'ouverture trop élevé pour la société le jour de l'introduction en bourse. Il a été démontré que le prix de 50,20 € par action a été atteint grâce à l'achat par la banque elle-même de gros blocs d'actions. Les clients auraient pu savoir que le montant d'ouverture était exceptionnel s'ils avaient été mieux informés. Selon la Cour suprême, World Online et les banques qui ont supervisé l'introduction en bourse, ABN Amro et Goldman Sachs, auraient dû signaler que Brink avait vendu ses propres actions au prix de 6,04 dollars trois mois avant l'introduction en bourse. Suite à cette décision de la Cour suprême, les victimes avaient toujours la possibilité d'intenter des poursuites contre World Online. Le 14 août 2012, environ douze mille investisseurs ont reçu 28 € en plus du prix restant de leur action via la VEB (Vereniging van Effectenbezitters -Association des détenteurs de titres) des banques introductrices Goldman Sachs et de la Royal Bank of Scotland, le successeur légal d'ABN Amro. Compte tenu du montant versé de 110 millions d'euros, il est clair que seule une petite partie des investisseurs avaient engagé une procédure via la VEB. |
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Le dégonflement de la bulle Internet | |||||||||||||||||||||||||||||
L'introduction en bourse de World Online le 17 mars 2000 a coïncidé avec l'éclatement de la bulle Internet, bulle spéculative qui se forma sur le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication à compter de l'introduction en Bourse du navigateur Internet Netscape le 9 août 1995 aux États-Unis. Les investisseurs parient frénétiquement sur la "nouvelle économie", qu'ils comparent à une nouvelle révolution industrielle. World Online a eu en effet le malheur d'être introduit en bourse au pire moment. Les cours des actions des sociétés Internet avaient augmenté de manière (rétrospectivement) irresponsable pendant quelques années. Mais cette envolée a pris fin la semaine de l'introduction en bourse de World Online. Et la semaine suivante, la bulle éclate mondialement. Le 06 mars 2000, l'action Tiscali atteint un maximum absolu en séance de 1197 €. Le titre avait été introduit en bourse à 46 € le 27 octobre 1999, soit une hausse incroyable de 2500% en un peu plus de 4 mois, avant d'entamer une dégringolade. Le 10 mars 2000 marque l'apogée de la bulle internet. L'indice phare des technologies US, le Nasdaq Composite de New York, qui concentre les valeurs technologiques et d'Internet, a atteint son point culminant à 5.048,62 points (contre 1.291,03 points le 1er janvier 1997). Un record qui allait être suivi par une chute des marchés de la "nouvelle économie". Un recul de 27 % durant les deux premières semaines d'avril et de 39,3 % sur un an. A la fin de l'année, les nouvelles technologies de l'information et de la communication avaient perdu de leur superbe et entraînaient le Nasdaq à 2.470,52 points. Ce n'est que le 2 mars 2015, soit 15 ans plus tard, que le Nasdaq va refranchir la barre des 5.000 points. À partir de mars 2000, les investisseurs se réveillent car ils s'attendent à ce que la performance de ces valeurs technologiques chute au cours de cette année. Les cours de Bourse dégringolent. Lever des capitaux devient ardu. " L'éclatement de la bulle Internet " s'étale sur le printemps. La dirigeante de World Online et ses conseillers financiers se sont montrés beaucoup trop confiants. Les actions technologiques avaient déjà commencé leur chute aux États-Unis et en Europe, et contrairement aux autres introductions en bourse sur Internet qui avaient tendance à offrir 10 % de la société, World Online proposa plus de 20 % des actions de la société, de surcroît en haut de la fourchette de prix. L'échec de l'introduction en bourse de World Online n'était pas seulement le fait de Nina Brink, mais aussi un désastre dû à l'excès d'optimisme vis-à-vis de la "nouvelle économie". |
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