Retour à l'histoire de quelques FAI

----------------------Histoire de Cario

     
 

Après plusieurs expérimentations dans les caisses régionales, d'abord d'Aquitaine, de la Brie, de la Loire-Atlantique et de la Savoie à l'automne 2001, le groupe Crédit Agricole lance au niveau national, en avril 2002, Cario.fr, filiale à 100% dont Stéphanie Sonolet est la directrice, qui est à la fois un portail généraliste et un fournisseur d'accès Internet.

A l'époque, cette décision paraît déjà tardive et surprenante dans un secteur où les initiatives FAI de la part des banques (VooNoo pour la Société Générale ou Guideo pour les Banques Populaires) semblent avoir été dictées par un effet de mode au début 2000. Le Crédit Agricole veut faire de l'image et, à terme, proposer des services d'intermédiation bancaire.

Dans cette optique de FAI généraliste, Cario garde un souci de rentabilité, les forfaits proposés se situant dans la fourchette haute du marché. Le nouveau FAI propose trois forfaits avec une réduction de 10% aux clients du Crédit Agricole (5 heures pour 7 euros, 12 heures pour 10 euros et 25 heures pour 18,50 euros (kit) qui deviendra 35 heures pour 19 euros) ainsi qu'une offre classique d'accès gratuit au tarif d'une communication locale à 14 centimes la minute.

Pour attirer de nouveaux utilisateurs, clients ou non de la banque, Cario ne mettra pas systématiquement les services bancaires en première ligne. Le portail jouera la carte de la proximité et des services (sorties, billetterie, etc.) et sera décliné localement pour chaque caisse régionale. Il n'y a pas un seul site Cario, mais 45 sites locaux liés aux directions régionales de la Caisse Agricole. En matière de contenu, depuis mai 2001, le Crédit Agricole dispose notamment d'un accord d'une durée de cinq ans avec TF1 pour intégrer une partie du contenu du site de la chaîne. Ce partenariat avec le groupe TF1 permet ainsi d'offrir des contenus adaptés à tous les publics : TFI.fr et LCI.fr pour l'actualité nationale et internationale, les événements à la Une, toute l'actualité sportive avec Eurosport.fr (alors détenu à 100% par le groupe TF1), Plurielles.fr pour les femmes, Tfou.fr pour les enfants. Au niveau régional, la fourniture de contenu sera assurée, en partie, par le réseau de city-guides Cityvox.

A la fin de son premier mois d'existence, Cario comptait déjà 30.000 abonnés, l'objectif étant, d'ici la fin de l'année 2002, d'avoir 200.000 abonnés. Cet objectif ne sera pas atteint. Un an et demi après son lancement, Cario revendiqua une base d'un peu moins de 100.000 abonnés.

Cario, comme le font AOL, Tiscali et 9online, proposera aussi l'accès tout compris et illimité par modem RTC contre un forfait de 24€ par mois, et même le premier mois à 19€ au lieu de 24€ jusqu'au 31 août 2003. Un tarif cette fois-ci très compétitif.

En septembre 2003, Cario lance ses offres ADSL (kit) avec l'appui de l'opérateur réseau LDCom. Pour l'occasion, trois formules ont été déployées à des tarifs promotionnels (pendant trois à six mois) qui restent dans la moyenne du marché. Le 128 et le 512 kbit/s sont volontairement proposés au même prix, à 29,90 euros par mois, tandis que le 1024 kbit/s s'affiche à 44.90 €/mois. Les frais de mise en service et le modem ADSL sont offerts jusqu'au 31 décembre prochain. Tous ces forfaits haut débit impliquent un engagement minimum d'un an, contrairement aux offres RTC de Cario qui en sont dépourvues. Côté contenu, Cario poursuit l'exploitation de ses 45 portails régionaux, mais en nouveauté (et en accès gratuit pendant six mois pour les nouveaux clients ADSL), le FAI propose sur ses portails un accès haut débit sur quelques chaînes de télévision comme LCI, Infosport, Odyssée et Télétoon. Autant de chaînes issues du groupe TF1, déjà fortement impliqué dans la réalisation des portails régionaux de Cario.

Cario annonce la cessation de son activité fin juillet 2004. De nombreuses raisons peuvent expliquer cette décision de la direction du Crédit Agricole : peut-être un déficit de notoriété, mais surtout des prix ne supportant pas la concurrence. L'offre 1024 kbit/s du fournisseur d'accès était vendue au prix de 44,90 euros par mois alors que la concurrence propose des offres avec des débits supérieurs, des services supplémentaires (VoIP, TVoIP, etc.) et surtout un prix inférieur : AOL propose l'équivalent à 27,99 euros, Free à 29,99 euros, Wanadoo à 34,90 euros, et Neuf Telecom fait du 2 Mbit/s avec téléphonie illimitée à 29,90 euros.

Le retrait de Cario est progressif. La banque s'est assurée que la disparition se fera sans douleur pour les abonnés, puisqu'ils sont tous repris par Neuf Telecom (nouvelle dénomination de LDCom depuis mai 2004), le prestataire réseau de Cario. A partir de septembre 2004, Neuf Télécom prend le relais pour poursuivre la commercialisation sous ses propres couleurs. Les clients du FAI seront invités à se tourner vers des offres d'accès estampillées Neuf Télécom et seront redirigés vers le portail de l'opérateur.

Techniquement, la centaine de milliers d'abonnés de l'ex fournisseur d'accès, qui gardent de plus leurs adresses e-mails cario.fr, leurs pages personnelles, leurs mots de passe et leurs log-in, se verront basculés, sans intervention de leur part, chez Neuf Telecom avec des tarifs mis au niveau du nouveau fournisseur d'accès dès le mois de septembre. Ce changement est plutôt bénéfique pour les abonnés qui voient, par exemple, leur forfait 512 kbits/s passer de 26,90 euros à 14,90 euros par mois !

Cario était le dernier service d'accès Internet exploité par un groupe bancaire, le groupe Banque Populaire (avec Guideo) ayant réalisé le même virage début 2004 et la Société Générale (avec VooNoo) l'année précédente.

 
     

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